mercredi 24 décembre 2008

Conte: La sacoche en tissu

Chaque première semaine de décembre, il reprenait une vieille habitude.

Il partait à la recherche de phrases incomplètes, de pensées abandonnées entre deux portes, sous un pont, ou en train d’étouffer dans une serviette de restaurant chiffonnée.

En se glissant dans le costume rouge du gros bonhomme barbu, il pouvait, d’une main et d’une oreille, s’occuper des enfants, tandis que ses doigts et son tympan opposés attrapaient au vol l’addition griffonnée au bic, tombaient en arrêt devant une déclaration d’amour coincée dans un courant d’air.

Pendant vingt jours, il arpentait les rues.
Il acceptait les photos, les embrassades et les insultes pour ne pas risquer de passer à côté de minuscules créations sans queue ni tête, au parfum déjà oublié.

Le soir de Noël, il fermait sa porte et ses rideaux, allumait un feu et éteignait la lumière.

Il ouvrait la sacoche en tissu qu’il cachait sous son costume et regardait les sons et les mots voleter autour de lui.

Quand il se réveille, les flammes brillent sur ses genoux où ceux qui sont restés se reposent.

Il les glisse dans la sacoche qu’il plie à l’intérieur de sa chemise.

Chaque première semaine de décembre, il reprenait une vieille habitude.

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