mardi 22 décembre 2009

104

je t'envoie de l'amour
c'est tout ce qu'il me reste
à moins que ce ne soit que de la haine
rien d'exceptionnel

La bouche sur l'air a trouvé son éditeur

Bonjour,

Vous trouverez ma nouvelle, La bouche sur l'air, à la page 5 du semestriel des éditions du Zaporogue.
A télécharger gratuitement ou à commander en ligne.
Très bonne Fêtes,

Dialag

dimanche 8 novembre 2009

100

Oublier la vision réduite à gauche et se mettre en disponibilité
De mots

99

L'odeur du gel contre les douleurs musculaires de mon père. Aujourd'hui, c'est moi qui l'emploie.
Ses chemises de corps en nid d'abeille
Ses chemises bleu ciel
Manches longues, toujours
Dans la chaleur humide du Pays

vendredi 23 octobre 2009

97

L'automne se précise
et ne veut pas se décider
Les oiseaux non plus
celui-la chante
Et me rappelle
Le printemps
Qui en un cri
Me sort du froid

Comme moi
La ville attend

Pour L

lundi 19 octobre 2009

Textille 5

Un premier regard - je suis aimée
Un deuxième regard - vérification
Un soupir - est-ce que j'aime?

tours de l'amour, qui se fait lier?

Première pensée en miroir - je suis regardée en train d'aimer
Deuxième pensée - je suis dans le labyrinthe de l'amour, de l'amour obligatoire
la tête se détourne
Je n'aime que moi-même

Tours de l'amour, qui aime se faire lier?

lundi 12 octobre 2009

Sous une paupière il y a
Une autre paupière
Et encore une autre

Quand l'oeil se décide à regarder
C'est
Qu'il vient de naître
Tout ce qui vient après
ne fait que chercher
Parfois on le retrouve
Et c'est la double joie
d'une seule existence

Tout écrit est image exacte du faux
Recommence

mercredi 7 octobre 2009

96

Mon corps entre
Dans sa peine
Les chevaux serrés de
la respiration
Galopent vers

lundi 28 septembre 2009

Maudits asphaltes

Le pied se cale sur 100. Cette fois-ci, ici, plus aucune raison de freiner. C'est le nouveau joyau de la montagne.

A droite, et à gauche aussi tant qu'à faire, la pierre scalpée de sa forêt. Mutilée, aussi. Par des objets contondants avides, qui sont partis comme des fous dans un axe irrésolu. Stop, tout va s'effondrer - dommage, tout défoncer, c'était bon. Mais bon.

A 100 toujours, dans le début du virage. Mais voiture de police. Mais homme agitant les bras, le vent m'apporte Accident.

D'abord, le corps, déjà sur le brancard. Ensuite, la roue avant et le guidon. Le reste de la moto suit. N'importe quoi marqué sur l'asphalte.

Tondu. Ils ont tondu la montagne le long de la route privée aboutissant à un complexe immobilier. Cette haine du vert me fait perdre la tête, chaque jour un peu plus.

Route parallèle dans le village, pour les marcheurs. Dans mes phares, une femme. Elle marche vite. Dans son poing, une batte de baseball.

Pour les besoins d'un immeuble, cinq eucalyptus centenaires sont défigurés par une pelleteuse.

Maudits asphaltes.

jeudi 24 septembre 2009

Septembre

Une fois que la mer perd le contact avec la côte, elle perd aussi son relief.
Ces jours-ci, le trait qui la sépare du ciel est droit
A faire peur. Subitement, j'ai l'âge des Antiques: la terre est plate autant qu'elle peut l'être.
Les bateaux qui
Y passent
enlèvent à peine ce que j'ai devant les yeux: un mur gris-bleu sombre, où la nuit se couche avant la nuit, et la crête
Aussi droite
Qu'une lame,
Découpant à même hauteur clochet et minaret.

vendredi 18 septembre 2009

94

Comme dans les films. Après avoir vu le film et convaincue que je suis folle -un être humain en parfaite santé donc-, je brûle les quelques malheureux dollars de ma poche, je secoue ma maison, un vulgaire pantalon retourné avant de passer en machine, et je regarde d'un oeil affectueux ce qui pèse le moins lourd. Je laisse tout le reste et ne circule plus que par bateau. Les autres courent après les nouvelles choses, je viens de choisir les vieux machins oubliés. sans tambour ni trompette.

Pour Carla H

mardi 1 septembre 2009

90

marteautêtemépris
colèreragevent
et puis
sourireeausel
mais
malaisesilencemasque
toujours ces masques

il faut partir

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vendredi 28 août 2009

Textille 4

J'étais derrière le comptoir, comme d'habitude. Je prenais une commande. Et puis c'est tombé. Maintenant, à chaque fois que je décroche, le bic bleu bon marché dans ma main est un bic. Tout a un nom, une forme, un goût. Je ne sais pas ce que c'est, mais aujourd'hui, c'est un poids horrible sur mes épaules.
Ma vie a un nom.

In the middle of nowhere


dimanche 23 août 2009

Textille 3

Sur la terrasse haute en plein air, j'ai appuyé quelques coussins pour regarder la mer entrer dans le port. La rembarde, alors que j'étais arrivée
à
la page 38,
a à
peine tremblé quand j'étais déjà en train de tomber. J'ai eu le temps de me dire que j'y avais pensé souvent,
à
cette chute.
Les oreilles sourdes. Plus verticale que les arbres.
Quand j'ai ouvert les yeux, mon corps était sur un vieux matelas qui sentait le chat.

vendredi 14 août 2009

Textille 2

Mon père est mort d'une crise cardiaque dans son lit. J'ai 40 ans, une femme, un premier enfant, tout juste quelques mois. J'ai tellement peur que j'ai renvoyé mon associé pour une broutille. Je n'ai plus à travailler. Je porte ses vêtements un peu trop grands.

jeudi 13 août 2009

84- Rythmique

Textille 1

Depuis que j’ai rêvé que ma fille fumait nue et que j’en ai été
profondément choquée, je me bats, avec peu d’ardeur, avec la jalousie
qu’elle a réveillée.

Pour L
Pour David R

jeudi 6 août 2009

82

il y a des photos que je te decris quand tu n'es pas avec moi pour les prendre. je te connais, par principe, tu ne l'aurais pas prise.
ecoute:
il est sous des arbres, il dort sur le cote, je ne vois pas son visage. son bras a la verticale tient une petite radio salie qui joue de la musique de mauvais dancefloor.
il a tout installe la: la planche de bois, moitie sur la margelle, moitie sur des caisses, des bouts de pilotis. une bouteille de soda, orange.
il est la pour longtemps, sous ces arbres, jusqu'a ce que la pluie le chasse.

je t'ecris vite, sans accent, d'un clavier qui cliquete pour ne rien dire.

Rolleiflex Series (4) "Palestine/ Sud America"


mercredi 15 juillet 2009

79

Quand je respire, que je suis une respirante, je ne sais plus très bien à quoi écrire me sert.
Des milliers de mots se cognent entre mes os, l'air qui entre les dilue ensemble dans une grande joie pleine de vent, de hochements d'arbres, de lumières et leurs coucous - à moins que ce ne soit les hirondelles qui coupent le ciel du campus de l'Université américaine.
Je regarde certains vivre de leur colère, comme d'un salaire.
Et je ne tiens plus à être payée, moi.

jeudi 25 juin 2009

76

Je ne me souviens pas des livres que je lis, puis que j’ai lus. En fait, en arrivant à la dixième page avant la fin de De la boxe, je pense déjà au prochain livre. Je le connais, même si souvent je change d’avis à la dernière minute, celle qui ouvre le livre sur la première page, la première phrase, happée comme quelque chose de sucré que l’intérieur de ma bouche a longtemps attendu. Comme un manque qui se calme.

Des années entières, j’ai acheté des livres comme d’autres achètent des briques pour se faire une enceinte autour de leur maison. Ici, la maison c’était moi. Je construisais des murs entre la réalité – « Tu ne vas pas me faire croire que tu vas tous les lire ! Va étudier maintenant », disait la voix sans chair –, et ma réalité. Je sais aujourd’hui que cette réalité que je bichonnais comme un chef-d’œuvre m’a poussé droit vers mes élans de suicide.

Je n’ai rien fait croire, j’ai été adorablement docile à la voix aux talons qui font sursauter le faux parquet. Good for nothing, écrit sur une trousse de lycée. Et mes livres qui m’attendaient.

Il y a quelques mois, je suis revenue dans la chambre-bibliothèque que j’occupais à Paris jusqu’à l’université. Le poids des livres et les déplacements en avion donnent une équation perverse, celle du tri. J’ai donc trié ceux qui partaient avec moi et ceux qui attendraient un autre voyage, d’autres voyageurs.

Je viens d’achever une série de gestes qui met un point final à l’acte initial des livres-briques. À la juste hauteur de mes yeux, treize tranches, enfin visibles, un peu jaunies que le cœur s’en serre après tout ce foutu temps, achetées avec la passion de 1991, 1987 peut-être. L’année de la fin de la guerre civile, Cyrille m’avait appris à écrire mon nom comme les taggeurs du métro. Bains de mer, qui m’attend dans quelques minutes, est signé avec des lettres qui ressemblent toutes à des triangles.

lundi 4 mai 2009

57

S'il n'y avait qu'un seul instant à supprimer
Ce serait celui-là

Quand les mots sont loin des racines

Je me suis souvenue de ta paupière, celle
Sous l'os
Encore plus fine
Couverte de sable

56- Red is the color of my true love's hair