samedi 28 février 2009

27

Quand le malaise monte
Je regarde de toutes mes forces dans le trou d'une clé
Le métal par son nom
Et il devient plus réel que moi-même
Devenir alors n'importe quoi de vivant

Pourvu que je n'y pense pas

vendredi 27 février 2009

26

L'hébétude quand l'heure dit fin
Le vent froid
La marche jusqu'à toi
Jusqu'à cette tasse bleue
Soviétique
Elle ressemblerait à nos matins
Ceux-là, oui

Et puis, un peu loin,
Ce souvenir

jeudi 26 février 2009

25

Tes joues, tes roses ma fleur
Ton regard bouche de volcan qui rappelle la place exacte de nos secrets
L'eau de l'air et de la lumière de Beyrouth se repose s'agite
Ce bonheur immense
Où mes épaules se décrispent

Je gratte l'inquiétude rouillée de mes os
Les articulations commencent à brillent tendrement
La nuit

Mes bras te soulèvent, doux cadeau
Un jour

Tu auras le poids de notre joie


Pour L, tellement

mardi 24 février 2009

24

Hier, on a repoussé les murs de notre nuage.

Timidement, parce que les possibles étaient légions.
Et puis, aujourd'hui, chez Le Chef, tout s'est précipité: rideaux, métal, papier peint, irisées les couleurs et puis de nouveaux meubles, à partir d'anciens.
Tu as dessiné, j'ai fumé, le vent s'est levé.
On a continué à bricoler jusqu'en haut des marches.

Partie en mâchonnant une blague
Sous une bruine accrochée à tes cheveux adorés




Pour L

vendredi 20 février 2009

20- Cauchemar

Je m’accroche au bois de ma planchette. La roue de gauche grince, ils ont refusé de me soulager de ce bruit atroce. Mes jointures me font mal, je roule, allongée, dans des couloirs aux plafonds qui rasent sans cesse ma tête bossue.
Enfant, je me cachais sous les tables basses comme autant de boîtes à rêves.
M’y voilà maintenant, attrapée par le cou comme un chaton et déposée sur cette planche. Puisque je n’en réchapperai pas.

lundi 16 février 2009

16

Les années passaient et je posais mon corps sans accès aux largeurs à côté de lui.

Sans cesse silencieux, je lui parlais dans ma tête, je me doutais bien qu’il ne me donnerait pas ce dont j’avais besoin. Il lisait son journal, pas de regard vers moi, il me répondait au milieu de ses dents légèrement en avant.
Puis d’autres années et je suis plus barbu, plus beau peut-être parce qu’elle me dit qu’elle m’aime, enfin il manque quelque chose mais
Je le déteste, je ne sais pas comment me débarrasser de lui, d’elle, d’eux tous, qui m’isolent. Je lui fais confiance pour qu’elle me dise quoi faire. Elle, elle sait.
J’ai peur de croiser leur regard de tristesse. Je deviendrai alors celui qui n’est plus doux, qui renie le clan, qui est perdu et c’est bien fait pour lui.
Je tourne la clé d’une porte, j’entre dans ma maison vide de tout ce que j’étais et j’en crève.

jeudi 12 février 2009

12

Bien chère panique,

Je vous écris, un oeil sur le papier, un oeil vers la fenêtre où la lumière du jour est bientôt là.
Je n'ai pas beaucoup de temps; vous excuserez ma plume qui bave, ce n'est ni le froid, ni le manque de courage. Ne nous arrêtons pas sur ces détails.

Je tenais à vous remercier pour votre invitation de la semaine dernière. Quelle allure vous aviez... Je vous vois devant moi en ce moment.

J'ai frappé à votre porte, la nuit était tombée et je n'ai pas d'abonnement à l'électricité privée. Je préfère mettre mon argent ailleurs, et un peu de noir ne fait de mal à personne.

A l'instant où vous m'avez ouvert, j'ai réalisé que je m'étais trompée de porte. Vous avez insisté, j'étais seule et de votre téléviseur venait une lueur marécageuse qui m'a intriguée.

Après, mon contact avec vous, chez vous, vos objets: tout est noyé dans un sentiment qui, ce matin, avant de partir bien loin d'ici, me revient.

Ce qui m'a un peu glacée, je dois vous le dire, c'est votre taille et l'épaisseur de vos épaules: vous occupiez tout l'espace de l'encadrement de la porte. Et de part et d'autre de votre tête, un espace qui me hante: si vos épaules font à peu près 50 centimètres de large, quelle est la taille de vos bras? De vos mains?

Je ne vous ai pas vue sourire, mais votre accueil a été aussi chaleureux que possible, à l'image de l'éclairage, tantôt sauvagement cru, tantôt faible comme la respiration d'un homme en train de mourir...

Je vous écris, parce qu'après vous, tout a changé: les choses ont eu un nom, une valeur. Des arbustes poussent à présent depuis mon crâne ouvert comme une boîte, si ma respiration s'emballe, je la force à regarder intensément le soleil et elle se calme.

Je ne sais pas si je dois vous remercier ou vous haïr au point de vouloir votre mort, de revenir me venger. Mais je pars, et ces deux mots me font tellement rire que je ne sens plus mes joues.

Voilà ce que vous deviez savoir ce matin. C'était de la première urgence. Je vais poser mon stylo, ouvrir ma porte et regarder attentivement la vôtre. Je sens que vous serez là, derrière, quand je poserai ma lettre par terre.

Quelle pauvre vie vous avez.

mercredi 11 février 2009

11

Et les taches de sang sur le drap.

Cette grosse colère qui finit par tout couvrir. Je ne voulais plus de la cicatrice sur moi. Je voulais aller plus vite que le soleil. La vitesse m’aurait stabilisée, vers un mouvement de non-retour, contre l’amour, contre moi.
Contre l’affect, encore et toujours, remous sur la surface majestueuse et indifférente de ma vie de femme, qui dort roulée dans ses cauchemars, qui sourit quand on lui dit éternité, qui embrasse les mains de son karma.